mardi 15 avril 2008

Hotel Matagami

Par une nuit sans aurore, j’ai perdu l’nord
Ce matin encore su’la troisième à Val-d’Or
Entre les clubs de danseuses et les innombrables bars
Inquiets, comme des vieux conquistadors
Les gars ont mauvaise mine à force de briser d’la roche
creuser la terre, creuser la terre jusqu’en Chine
ils ont fini par plier l’échine
parce que leur seul espoir est au bout d’un trou noir
dernier chèque de chômage demain y’aura pu d’ouvrage
Nous aut’les gens d’en bas
on connaît rien de d’ça
on connaît rien de d’ça

Les draps blancs, trop blancs, troublent mon sommeil agité,
j’ai froid, le radio-réveil n’a pas sonné,
piton collé made in china, p’tit coeur magané
J’ai fait de l’insomnie à l’hotel Matagami
J’peux pas croire qu’j’suis v’nue jusqu’ici
Au bout du monde, l’ennui, j’ai pas dormi d’la nuit
Les rêveries boréales d’une p’tite fille de Montréal
Une terre peuplée de lacs, de rivières et d’esprits
Matagami « rencontre des eaux » en langue crie
Bien avant l’homme blanc, les anciens vivaient ici
Porte d’la Baie–James, kilomètre zéro
J’ai cherché le guitariste du métro
Nous aut’les gens d’en bas
on connaît rien de d’ça
on connaît rien de d’ça

La vie quotidienne d’une ville minière inventée
Persévérance, y’a rien de mieux à faire
Ça sent la misère et la vieille poussière
Mais y’aura toujours le sourire de la barmaid à l’hotel
C’est la plus belle au nord du quarante-neuvième parallèle
pour noyer sa peine, il ne restera qu’à boire
Et tout autour, une mer d’épinette noire
quelques bouleaux, au kilomètre zéro d’la porte d’la Baie-James
comme dirait Richard avec sa sagesse de bord de comptoir
Elle mange des arbres et chie de l’argent, la Domtar
Et la forêt tombe sous les lames froides des machines
pendant que les autres creusent la terre jusqu’en Chine

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